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Alexis Pellissier, le pote au feu de Thuir

Bonjour, je peux m’entraîner avec votre équipe ?» Thuir, été 2018. Pour la première fois de sa vie, Alexis Pellissier, 18 printemps seulement, pousse la porte des vestiaires de l’UST. Avec les yeux ronds d’un enfant qui découvre ses cadeaux le jour de Noël, le gamin de St-Paul-de-Fenouillet pose son sac à crampons dans le sas intime des Thuirinois. Et ne dit mot. Contrairement à la grande majorité des joueurs recrutés durant l’intersaison, le jeune pilier a rallié le club «vert et blanc» de son propre chef. Sans la moindre affinité avec un seul rugbymen de la cité du Byrrh, mais avec une intime conviction que son avenir ovale se dessinerait ici. «J’ai suivi dans la presse le parcours de l’Excellence B devenue championne de France, et après avoir entendu que ces mecs s’étaient créé une vraie famille, c’est à Thuir que j’ai voulu signer et nulle part ailleurs. C’était pour moi une évidence. Je ne conçois pas le rugby autrement que dans cet esprit-là . » Regard franc, cheveux noirs de jais et un physique mi-pilar, mi troisième-ligne (1,82 m, 98 kg), le St-Paulais reçoit dans la boucherie-charcuterie familiale située à l’entrée du village. Le temps d’une pause-café, il assure ne rien regretter de ce choix, même si Vanessa, sa mère, lui rappelle affectueusement les efforts consentis.« Quand Alexis nous a expliqué qu’il voulait tenter sa chance à Thuir, alors qu’il ne connaissait personne, avec mon mari on lui a demandé s’il n’était pas devenu fou ! Il faut 40 bonnes minutes pour rallier Saint-Paul à Thuir. Finalement, on a accepté de faire les trajets trois fois par semaine, le temps qu’il passe son permis.»

Alexis Pellissier, le pote au feu de Thuir

Du cœur et du jarret

Passé par l’école de rugby de Millas, celle des treizistes de Saint-Paul puis par les juniors de l’Esc-Bac-Asp, «Pelo » finit par se tailler quelques tranches à l’UST. Dans les rangs réservistes la saison dernière, il ne ménage pas sa carcasse, il démontre qu’il a du cœur, du jarret. Mobile, constant dans l’effort, mais encore un peu tendre dans la chaleur moite des mêlées, le gamin du pack prend toujours note auprès des plus expérimentés. Les paroles d’évangile de son entraîneur Henri Alejandro ou du pilier Guilhaume Alsina, il les écoute religieusement les soirs d’entraînements. « Voilà ce que j’aime à Thuir. Chez nous, il y a toujours de la concurrence, mais une concurrence saine. On est ensemble les uns pour les autres, sans arrière-pensée. Le plus important c’est de se battre pour ce maillot. Le reste... » Son ascension, il ne la doit finalement qu’à lui-même. Toujours présent lors des séances hebdomadaires, Alexis Pellissier fait partie des exemples à suivre en termes d’investissement et de respect de la parole donnée. La distance pour se rendre à Eugène-Ribère ne constitue ni frein ni prétexte. Mais il arrive parfois que le retour à la maison prenne plus de temps que prévu. « Le rugby est ma passion, mais les troisièmes mi-temps, c’est pas mal non plus ! confie-t-il, d’un air taquin. Alors bien souvent, je dors chez les copains le dimanche soir, car les matchs se prolongent le plus souvent jusqu’à tard dans la nuit... »

Monté sur pile

En l’espace de quelques jours, l’énergumène a mis tout le monde d’accord à l’US Thuir. Un peu « chien fou », mais certainement pas tête de cochon, il a su se faire aimer par son naturel désopilant. Pour autant, quand approche le dimanche après-midi, son sourire contagieux fait place à un rictus de circonstance. « La veille du match, c’est bien simple, je vomis plusieurs fois. Il m’arrive même de vomir en partant de chez moi, alors je m’arrête sur le trajet pour aller à Thuir. Il faudrait que je me calme un peu, non ? » Monté sur pile, le sympathique Alexis. Rarement en mode pause, et plus particulièrement avant de filer au combat avec les copains. Dimanche, face à la solide formation de Leucate, il aura pour mission de dégraisser, et si possible, de désosser du «bleu et blanc» sous les yeux de sa mère, de son père Bertrand, flanker de l’US Quillan à la belle époque, et de ses sœurs Océane (cadette à l’USAP) et Maëlys. Car tout comme pour le commerce, le rugby reste une affaire de famille chez les Pellissier. Et le petit dernier, assure la relève comme un chef.