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Bac : Des résultats dans le brouillard Fil Twitter

Comment interpréter les résultats du bac 2021 ? D'abord donner les nombres : 90.5% de reçus, 95% en général, 89% en technologique et 82% en professionnel. Mais que leur faire dire ? On peut noter l'écart croissant entre enseignement général et professionnel. Surtout, pour la troisième année consécutive le bac subit des désordres et des aménagements qui en faussent le sens. Est-ce l'objectif recherché ? On nous a pris aussi le droit au bac.

Des résultats dans la continuité de 2019

Apparemment rien d'extraordinaire dans les résultats du bac 2021 à l'issue du premier groupe d'épreuves. 90.5% de reçus en 2021 contre 92% (d'après le ministère, 95% d'après la Depp) en 2020 et 88% en 2019. Ces taux peuvent encore monter à l'issue du 2d groupe d'épreuves dans quelques jours. On reste dans la fourchette habituelle depuis 3 ans, comme si des objectifs à atteindre étaient anticipés voire imposés...

Pour le bac général on a 95% de reçus soit un peu plus qu'en juin 2020 et à peu près autant qu'en 2019 (91%). Le bac technologique compte 89% de reçus soit 1% de moins qu'en 2020 d'après le ministère (la depp dit 96%). La baisse est plus forte en STL et ST2S, deux séries qui ont perdu beaucoup de candidats. STMG, STI2D et STD2A se portent mieux avec 1% de baisse.

En série professionnelle on a 82% de reçus soit 6% de moins qu'en 2020 d'après le ministère (la Depp affichait 91% de reçus au 1er groupe de 2020).

Bugs et désordres jusqu'au bout

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Ces résultats se sont fait attendre. La dernière journée du premier groupe a été à nouveau marquée par des pannes informatiques. "Le site de publication des résultats subit des dégradations de performances importantes qui entrainent des difficultés nationales d'accès aux résultats", affichait le SIEC (service des examens francilien) en fin de matinée. Les candidats savaient s'ils étaient reçus mais sans avoir le détail de leurs notes. Ces derniers (?) bugs terminent une épouvantable série de catastrophes informatiques depuis le début des épreuves. Elles ont porté sur les convocations des membres des jurys. Ainsi que sur la correction numérisée des copies. La logiciel de gestion des copies, Santorin, n'a pas été capable de gérer les copies de deux disciplines seulement. En principe il aurait du gérer toutes les copies de toutes les disciplines en métropole. Le ministère s'avère incapable d'organiser le bac, un examen qui se déroulait sans problèmes il y a seulement 4 ans.

De tours de passe passe en aménagements le bac est dans le brouillard

Mais ce n'est pas le pire. Le pire c'est l'interrogation sur ce qu'évalue ce bac. C'est la troisième année la question se pose et on finit par perdre de vue le repère des années "normales". En 2019 le blocage des jurys a entrainé le ministère à ordonner des tours de passe passe sur les notes qui semblent avoir levé les blocages liés au respect de cet examen national. En 2020, sous prétexte du covid, le ministère a bradé le bac, autorisant par exemple les établissements privés hors contrat à évaluer au bac leurs clients. En 2021, le ministère est allé un peu moins loin mais il a à nouveau reconnu des notes d'établissements hors contrat. Il a maintenu une épreuve, le grand oral que ni les candidats, ni les correcteurs n'avaient correctement pu préparer. Pour la plus grosse partie des notes, en 2020 comme en 2021 il a laissé les établissements faire leur cuisine. Le covid a eu sa part aussi. Dans l'enseignement professionnel tous les syndicats reconnaissent que dans de nombreuses filières les candidats n'ont pas le niveau en professionnel et parfois en enseignement général.

Cela invite à comparer les résultats de 2021 avec ceux de 2017. En 2017on comptait 88% de reçus, 90% en général, autant en technologique et 82% en professionnel. 79% des jeunes de cette génération étaient bacheliers. En 2020 c'était 87%.

On nous a pris le droit au bac

Ce qui frappe c'est le décrochage entre le bac professionnel et les autres. On est passé de 8 points à 13 points d'écarts. Est-ce vraiment lié au niveau des candidats ? Comment ne pas y voir la façon dont l'épreuve était organisée avec très peu d'épreuves et des évaluations maison en général et des aménagements moins généreux en professionnel (même si là aussi il y a eu cuisine).

On retire deux certitudes de cette session 2021. Quatre ans après l'arrivée de JM Blanquer rue de Grenelle, le ministère n'est plus capable d'organiser le bac correctement alors même que sa formule est fortement réduite. Les services administratifs semblent désorganisés et inefficaces et comme cela a une dimension nationale il faut bien croire que l'origine du problème l'est aussi. Quatre ans après l'arrivée de JM Blanquer rue de Grenelle la réalité de ce qu'évalue le bac est totalement dans le brouillard. L'orientation ne se fait plus sur la base d'une examen national mais sur la réputation des lycées. Le bac était aussi un droit. On nous l'a pris.

François Jarraud