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Les classes fermées dès le premier cas de Covid, c’est fini

Un geste pour les parents plus que pour les enfants? Pour le ministre de l’Education nationale, il y avait urgence à arrêter un (nouveau) décompte affolant. Selon les derniers chiffres, plus de 9 000 classes étaient fermées à la date de vendredi contre 4 048 le vendredi précédentt. Une explosion concentrée presque exclusivement dans le primaire.

«Nous estimons que ce sont environ 180 000 familles qui sont concernées aujourd’hui par des fermetures de classes»,

a souligné Jean-Michel Blanquer jeudi. De quoi justifier un ajustement du protocole sanitaire du premier degré. Avec 77% de primo-vaccinés chez les 12-17 ans et 75% ayant reçu les deux doses,

«l’enseignement secondaire avec le protocole actuel peut tout à fait traverser la cinquième vague»,

a estimé le ministre. Pas de changement en collège et lycée donc.

Analyse

Covid-19 : à l’école, l’enseignement à distance repose une colle

Education

24 nov. 2021

Jusqu’alors, une classe de maternelle ou d’élémentaire était censée fermer dès la détection d’un cas de Covid, sauf dans dix départements (Ariège, Côte-d’Or, Moselle, Var, Landes...), qui expérimentent depuis début octobre le fait de ne renvoyer à domicile pour une semaine que les élèves positifs. Avant même d’avoir dressé un bilan de cet essai (un rendez-vous est fixé au 3 décembre), cette formule est désormais étendue nationalement, à partir du

«courant de la semaine prochaine»

, En d’autres termes,

«il n’y aura plus de fermeture systématique de classe mais un dépistage de toute la classe en cas de cas positif, seuls les élèves ayant un test négatif

[salivaire ou nasopharyngé]

pourront faire leur retour»

à l’école

,

a annoncé le ministre. Une déclaration sur l’honneur ne sera pas suffisante, les parents devront fournir le résultat à l’établissement.

Un changement «incompréhensible»

Les classes fermées dès le premier cas de Covid, c’est fini

Le protocole est réadapté.

«Le test peut être réalisé soit par les responsables légaux, en général les parents, [...] soit à travers la présence des laboratoires»

dans l’école

,

a expliqué Jean-Michel Blanquer en pointant les écueils du système précédent. Les laboratoires étant confrontés à une situation épidémique autrement plus tendue que début octobre, il a été dans certains cas impossible d’empêcher les fermetures de classe faute d’avoir pu mobiliser dans les vingt-quatre heures une équipe de laborantins. Témoignage de cette logistique complexe, mercredi, 179 classes gardaient portes closes dans le Rhône, pourtant parti prenant de l’expérimentation, selon le SnuiPP. Cette

«mesure de souplesse»

engrange de nouvelles inégalités.

«Dans certains cas les parents vont facilement pouvoir se libérer une heure de leur travail pour pouvoir venir faire passer un test à leur enfant et il y a ceux qui travailleront jusqu’à 19h30 et ne pourront pas le faire dans la journée. On sait que ce sont les classes favorisées qui vont être en capacité de le faire, pas les autres»,

déplore le SnuiPP.

Le timing de cette annonce interroge également les syndicats. Un

«changement de stratégie en pleine cinquième vague est incompréhensible»

pour Stéphane Crochet, secrétaire général au syndicat SE-Unsa. Pointant le flou entourant ces annonces, il lance :

«Nous n’avons pas compris si en attendant d’avoir un résultat négatif, les enfants restent à l’école ou pas.»

Le ministère de l’Education nationale précise que la classe fermera bel et bien et que les élèves reviendront

«peu à peu»

avec leur laissez-passer.

«Pour les trois semaines restantes avant Noël, en attendant de voir l’évolution de la situation épidémique, le maintien de la fermeture de classe dès un cas nous aurait paru plus prudent»,

appuie Stéphane Crochet. Si l’académie de Rennes assure que cette méthode leur a permis de réduire de 50% le nombre de fermetures de classes jusqu’à la semaine dernière et la soudaine flambée épidémique, quid de la période d’incubation ?

«On a dit au ministère ce [jeudi] qu’il faut tester les élèves toutes les quarante-huit heures car un élève négatif à J-0 peut être positif à J+2»,

rappelle Guislaine David. Quant au seuil de trois cas positifs déclenchant une fermeture systématique de la classe, il est désormais caduc. Le ministère renvoie aux agences régionales de santé le soin d’apprécier la situation et de renvoyer ou non tous les bambins chez eux.

Mis à jour

lundi 29 novembre avec l’entrée en vigueur du nouveau protocole.