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Dans les universités, des élections plus que jamais désertées par les étudiants

ANNA WANDA GOGUSEY

Devant les grilles du campus de Jussieu, à Paris, trois petits groupes d’étudiants distribuent des tracts à la volée et s’ignorent ostensiblement. Militants de l’UNI, de la FAGE et de l’UNEF, ils tentent d’inciter les jeunes à voter, ce jour même, pour leurs représentants dans les conseils de Sorbonne Université. Cette année, c’est une première : le scrutin est organisé par voie électronique. Mais « ce n’est pas gagné », soupire, propagande à la main, Arnaud Bichet, inscrit sur une liste affiliée à la FAGE. Il jette un coup d’œil sur son téléphone, qui lui donne les résultats de la participation en direct. « Là, il est 14 heures et on est à peine à 1 % de votants... » Au terme des deux jours du scrutin, seuls 6 % des inscrits auront pris part au vote... Le taux de participation des enseignants, lui, dépasse les 60 %.

La plupart des jeunes croisés ce jour de novembre sont bien au courant de ces élections. « On a reçu des tonnes de mails », assurent-ils. Mais beaucoup ne se sentent pas concernés. Professions de foi pas toujours très claires, instances dont les rôles sont complexes à déchiffrer (conseil de faculté, commission vie étudiante, commission recherche, conseil d’administration...), sentiment de n’être que de passage à l’université, impression que « cela ne sert à rien »...

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« Moi, l’université, j’y viens pour mes cours, je ne m’intéresse pas vraiment au reste », confie Ingie Midouni, étudiante en ingénierie. Même discours chez Scilia, en master de mécanique : « Je suis submergée par le boulot, je n’ai pas le temps d’examiner les programmes. » Aux élections régionales en juin, elle ne s’est pas rendue aux urnes. « Et aux autres élections, à chaque fois, j’ai voté blanc. »

Une trop grande distance entre les étudiants et leurs élus

Un monde la sépare de celui d’Arnaud Bichet, rodé aux campagnes électorales, qui jongle entre ses études de chimie, son rôle d’élu et la gestion des Agoraé, ces épiceries solidaires pour les étudiants précaires pilotées par la FAGE. « On dit que les jeunes ne votent pas aux élections nationales ou locales car ils ne se sentent pas concernés. Mais là, on est sur des enjeux qui les touchent directement : les modalités d’examen, la scolarité, les aides sociales... On n’arrive quand même pas à mobiliser. Forcément, ça interroge. » « Les étudiants sont très peu conscients de leurs droits et de l’existence même d’un système de représentation dans les universités », confirme Luna Pelchat, en master de géographie à l’Université de Paris et membre du bureau de la FAGE.

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