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Deliveroo continue son expansion, malgré la réouverture des restaurants

Les confinements, associés à la fermeture des restaurants, avaient fait de Deliveroo un des grands gagnants de la crise du Covid-19, en 2020. Mais la réouverture des restaurants, depuis le printemps, n'a pas cassé la croissance de la plateforme de livraisons de repas. « Nous n'avons pas constaté d'impact important de ces réouvertures au Royaume-Uni », a déclaré, ce mercredi, Will Shu, le fondateur et directeur général du groupe britannique, en marge de la présentation des résultats du premier semestre 2021.

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Plus globalement, « nous assistons à une forte croissance et à un fort engagement de nos clients, à mesure que les restrictions sont levées », ajoute-t-il. Seul phénomène observé, une baisse d'activité « significative » en France, deuxième plus important marché après le Royaume-Uni, et en Italie, deux pays touristiques où l'été est moins propice à la livraison de repas. « Dans ces pays, il est difficile de voir l'impact de la réouverture des restaurants car il se conjugue avec l'impact habituel de l'été. Nous aurons une meilleure vision de la situation au troisième trimestre, avec la fin des vacances », estime Will Shu.

Fidélisation

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Globalement, Deliveroo a bien commencé l'année. L'activité s'est envolée, avec un chiffre d'affaires en croissance de 82 %, à 922,5 millions de livres, et des commandes qui ont doublé, à 148,8 millions. Mais le groupe perd toujours de l'argent, en raison de lourds investissements de développement. Ses pertes ont été un peu réduites, à 108,7 millions de livres (128,3 millions d'euros), contre 126,2 millions au premier semestre 2020.

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La direction met toutefois en avant sa capacité à fidéliser ses clients (7,8 millions de personnes sur le seul deuxième trimestre 2021). «Plus notre clientèle est mature, plus elle commande fréquemment», résume le directeur général. Deliveroo a calculé qu'un client qui a utilisé pour la première fois son service en janvier 2016 commandait en moyenne 3,7 fois par mois en juin 2019 et 4,8 fois en juin 2021. Un client recruté en janvier 2020 commandait 3,5 fois par mois en juin 2020 et 3,6 fois en juin 2021. Autre paramètre bien orienté, le nombre de partenaires de la plateforme, soit 137.000 restaurants et 9000 épiceries. En France, leur nombre est passé de 12.000 début 2020 à 20.000 et s'est élargi à des «partenaires alimentaires clés», tels que Carrefour et Casino.

Vives critiques

Pour 2021, le groupe a maintenu ses prévisions, « même si nous anticipons une modération des habitudes de consommation de nos clients d'ici la fin de l'année », précise Will Shu. En clair, la valeur du panier moyen devrait baisser à son niveau d'avant la pandémie. Pour 2021, Deliveroo attend une hausse de 50 % à 60 % de la valeur totale des commandes (3,3 milliards de livres au premier semestre, + 100 %) et une marge brute de 7,5 % à 8 %, dans le bas de la fourchette.

Malgré ces perspectives, le titre a chuté de plus de 6 % en Bourse. Deliveroo évolue sur un marché ultra-concurrentiel où il affronte Uber Eats, Just Eat ou encore Takeaway. Un possible rachat par l'allemand Delivery Hero, qui vient de prendre 5,6 % de son capital, ne semble pas crédible à court terme. « Will Shu contrôle encore la société, grâce à un système à deux types d'actions, et peut donc refuser toute opération pendant encore trois ans », estime Danni Hewson, analyste chez AJ Bell. Et Deliveroo, comme Uber Eats, fait face à de vives critiques sur les conditions de travail de ses livreurs, qui ne sont pas salariés. Ce qui incite certains États à intervenir. Le Britannique va d'ailleurs sortir d'Espagne, marché où les investissements pour bâtir une part de marché critique sont trop importants, selon lui. Et où une loi l'aurait contraint à salarier ses livreurs à partir du 12 août.