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EXCLUSIF. Age, fidélité, professionnalisation : Uber France ausculte ses chauffeurs

La filiale française de l'une des stars les plus controversées de la Silicon Valley va fêter ses 10 ans, le 5 décembre prochain. Pour marquer cet anniversaire, après une décennie de développement continu, mais jalonnée de polémiques, Uber France a décidé d'analyser le profil et les souhaits de ses quelque 30.000 chauffeurs en activité, sur les 70.000 qui ont travaillé avec la plateforme depuis ses débuts. Et fait réaliser par l'institut Harris Interactive une enquête sur ses chauffeurs, dont les résultats ont été communiqués en exclusivité au JDD.

"Uber est en fait né en France, deux ans avant sa réelle implantation locale, ­rappelle Laureline Serieys, nommée directrice générale à l'été 2020. Son fondateur, Travis Kalanick, avait en effet eu l'idée de sa création en attendant en vain un taxi à Paris en décembre 2018." En dix ans, Uber France – qui a vu son activité chuter de 90% pendant le premier confinement de 2020 – a enregistré 350 millions de courses.

La France demeure depuis un pays pionnier pour le groupe de VTC, qui estime avoir un "impact positif" sur l'économie nationale (dépenses de consommation, sorties, leasing de véhicules...) de 865 millions d'euros en année hors pandémie, selon les évaluations du cabinet Asterès. Sa croissance y a en tout cas été spectaculaire : de 14.000 clients en 2011, Uber France en comptait 5 millions avant la crise sanitaire, dont 81% utilisent l'application depuis au moins trois ans et 52% sont des femmes. "Le nom même de l'entreprise est désormais passé dans le langage commun, remarque la patronne de la filiale française. Et nous offrons une panoplie de services au-delà du VTC, avec les vélos, les trottinettes et la livraison de repas."

Des chauffeurs fidélisés

L'étude réalisée sur les chauffeurs (dont l'âge moyen est de 42 ans, au lieu de 39 ans en 2018) confirme l'enracinement local de l'entreprise par leur fidélisation, puisque 50% d'entre eux utilisent la plateforme depuis plus de trois ans – ils n'étaient que 25% dans cette situation en 2016. "Ils s'engagent davantage dans la durée", note Laureline Serieys, ancienne consultante du cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group, passée par Google et le Crédit agricole.

La professionnalisation des chauffeurs augmente également : 50% d'entre eux exercent cette activité depuis plus de trois ans et seuls 10% étaient auparavant au chômage, au lieu de 40% en 2016. S'ils doivent se soumettre à un examen plus exigeant qu'il y a dix ans pour obtenir l'autorisation de devenir chauffeur VTC, 80% déclarent vouloir rester indépendants. En 2019, leur revenu net moyen a atteint 1.617 euros mensuels, pour une durée hebdomadaire moyenne de travail de quarante-deux heures.

"J'ai rencontré plusieurs centaines de chauffeurs dans plusieurs villes de France depuis mon arrivée. Les discussions ont parfois été houleuses, mais aucun ne m'a dit vouloir devenir salarié", confie la dirigeante, qui met en avant le contrat de protection sociale élaboré avec Axa à leur intention. Des élections pour choisir les représentants du personnel seront organisées en mars 2022. "Tous les sujets importants seront abordés", promet la directrice générale.