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Le patron de Telecom Italia démissionne pour ne pas entraver l'offre de KKR

La valse des dirigeants se poursuit chez TIM. L'opérateur italien a perdu vendredi son quatrième patron en six ans. Luigi Gubitosi, nommé en 2018 , a été désavoué à l'issue d'un conseil d'administration fleuve.

Le président de TIM Brasil, Pietro Labriola, depuis vingt ans dans le groupe, en devient le directeur général par intérim en attendant le remplaçant permanent de Luigi Gubitosi qui restera simple membre du conseil d'administration. Salvatore Rossi, le président du conseil, aura à charge la surveillance des actifs de TIM qui relèvent de la sécurité nationale de l'Italie.

Guerre larvée avec Vivendi

La veille, Luigi Gubitosi s'était déclaré prêt à renoncer à ses fonctions pour ne pas entraver la proposition de rachat de 11 milliards d'euros déposée par le fonds américain KKR à laquelle il est favorable. « Son examen traîne en longueur pour plaire à certains actionnaires », dénonçait Luigi Gubitosi, visé depuis plusieurs mois par le premier d'entre eux avec environ 24 % du capital, le français Vivendi.

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Le groupe contrôlé par la famille Bolloré lui reproche la faiblesse de l'opérateur sur le front opérationnel avec une capitalisation boursière divisée par deux en trois ans et des performances bien inférieures à celles de ses concurrents. Il le soupçonne ainsi d'être allé solliciter l'offre de KKR tandis que la stratégie de TIM inquiète aussi bien ses principaux actionnaires que les syndicats.

Des résultats décevants

Signe que l'opposition au patron sortant n'est pas que le fait de Vivendi, quinze administrateurs avaient ainsi demandé la convocation d'un conseil d'administration extraordinaire pour « interpeller la direction » sur les résultats décevants du groupe. Son bénéfice net s'est effondré de 98,1 % depuis le début de l'année à 22 millions d'euros, sa dette s'élève à 22 milliards d'euros et le partenariat noué avec DAZN pour s'octroyer les droits de diffusion télévisée des saisons 2021-2024 du Calcio n'est pas aussi rémunérateur que prévu.

Luigi Gubitosi avait ainsi essuyé deux avertissements sur résultats ces derniers mois. Le conflit larvé sur sa gestion a éclaté à la faveur de la manifestation d'intérêt non contraignante de KKR au prix de 50,5 centimes d'euro par action. « Un prix qui ne reflète pas la valeur réelle de la société » , estime Vivendi, qui aurait un coût d'acquisition moyen de sa participation d'un peu plus de 1 euro.

Vigilance active et bienveillante du gouvernement

Un comité, présidé par Salvatore Rossi, a été institué au sein de TIM pour étudier l'offre. Les sociétés de capital-investissement CVC et Advent restent à l'affût et ont parallèlement étudié d'éventuels projets alternatifs ou en collaboration avec KKR, mais rien n'a pour l'instant abouti. Un autre comité, au sein du gouvernement italien cette fois, suit également ce dossier avec une « vigilance active » mais bienveillante. Il devrait tenir sa première réunion la semaine prochaine.

Les syndicats comme les responsables des principaux partis politiques ont demandé à être reçus par Mario Draghi pour s'assurer que les projets de KKR n'ont aucun impact négatif sur l'intérêt industriel du pays ou sur les 40.000 salariés de TIM.