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Lidl et CDC Biodiversité s’unissent sur la compensation écologique

Le site de Cossure, sur les coussouls de la plaine de Crau, entre Fos-sur-Mer et Saint-Martin-de-Crau est unique en France. Créé en 2008, ce projet de réhabilitation écologique d’une steppe semi-aride méditerranéenne est le seul labellisé par l’Etat depuis 2020 comme « site naturel de compensation ». Et c’est sur ces terres, détenues, gérées et restaurées par CDC Biodiversité, que Lidl a présenté et signé l’accord-cadre avec cette filiale de la Caisse des dépôts avec l’ambition de faire référence. La visite a réuni le 9 juillet plusieurs représentants de l’enseigne (1 500 magasins en France) et de CDC Biodiversité. « Nous sommes un précurseur dans cette approche, indique le directeur immobilier de Lidl France, Emmanuel Ogier. Nous avons conscience de notre responsabilité sociétale. C’est une expérimentation et elle ne sera pas un "one shot". Nous formons nos collaborateurs sur toutes ces questions très complexes. Même si nous veillons aux aspects paysagers autour de nos réalisations, ce n’est pas notre métier. En nous appuyant sur CDC Biodiversité, nous faisons confiance à des experts pour nous dire comment bien faire ».

Lidl et CDC Biodiversité s’unissent sur la compensation écologique

Sur Cossure, ne peuvent être compensées que des atteintes à des espèces animales ou végétales sur des milieux similaires à ceux de la Crau et pour des projets envisagés dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres autour du site. Lidl investissant dans la France entière, il ne pourra pas utiliser systématiquement ce lieu de 360 hectares de Crau sèche redevenu un habitat favorable pour un reptile comme le lézard ocellé, des oiseaux tels que l’outarde canepetière ou l’oœdicnème criard. Mais le distributeur s’engage à faire appel aux écologues et équipes de CDC Biodiversité pour dénicher les meilleures solutions à proximité du futur supermarché ou entrepôt. « Chaque directeur régional disposera d’un contact pour se faire conseiller », assure Matthieu Frechon, directeur technique de Lidl France. L’objectif va jusqu’à intégrer l’entretien du parc existant de magasins, par exemple sur la tonte raisonnée des pelouses, l’utilisation des produits phytosanitaires... « C’est une étape de lancement aujourd’hui, l’accord-cadre prévoit la préparation d’un cahier des charges qui nous conduira à aborder l’intégralité de nos projets futurs pour agir au mieux écologiquement et économiquement ».

Solution lisible clé en mains

CDC Biodiversité dispose de son agrément jusqu’au 31 décembre 2038, avec rétroaction en 2008, début de la réhabilitation de cet espace anciennement en culture intensive de vergers. Plus de la moitié de cette « réserve d’actifs naturels » est désormais entretenue grâce à cet outil de compensation qu’ont utilisé des aménageurs logistiques, la base aérienne d’Istres ou le futur chantier rail-route de Clésud. Mais Jean-Christophe Benoit, directeur du développement de CDC Biodiversité, estime que le dispositif acté dans une loi de 2016 qui impose le principe « Eviter, réduire, compenser » à tout projet d’ouvrage impactant la biodiversité, la nature et les paysages, n’est pas encore un réflexe chez les aménageurs, les industriels...

Chaque hectare artificialisé ou impacté écologiquement par un projet donne lieu pour son porteur à l’achat d’une « unité de compensation ». Une unité « coûte » près de 50 000 euros afin de recouvrir, pour la structure, ses frais d’achat foncier, de travaux de restauration, de gestion, de surveillance des espèces... Cette option se veut plus efficace qu’un système de compensation sur le site même du projet d’aménagement. « La démarche a du sens parce qu’elle mutualise sur une grande superficie. Nous travaillons de plus en plus en compensation pour des porteurs de petits projets ».