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Carte scolaire parisienne : «Un entre-soi se dessine entre les collèges et les lycées favorisés du centre»

Les parents des élèves de troisième l’attendaient avec beaucoup d’impatience : la nouvelle carte d’Affelnet, le Parcoursup des collégiens, vient d’être dévoilée par l’académie de Paris. Et c’est la douche froide pour de nombreux collèges situés en périphérie de Paris. Qu’est-ce qui change et pourquoi ce nouveau système ne semble-t-il pas favoriser la mixité sociale, qui était pourtant l’objectif de départ ? Explications avec Ghislaine Morvan-Dubois, présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) Paris.

Affelnet change, mais le système reste complexe à comprendre. Comment fonctionne-t-il désormais

?

D’abord, il y a ce qui ne change pas : les élèves sont classés selon un nombre de points qu’ils obtiennent avec leurs notes et leurs points de compétences. Il y a ensuite un bonus pour les élèves boursiers et un autre pour les élèves qui ont effectué leur scolarité dans un collège défavorisé. Les élèves boursiers et non boursiers ne sont pas en compétition les uns avec les autres, leur affectation se déroule sur deux systèmes en parallèle. Ensuite, ce qui change, c’est le choix entre dix lycées. Les élèves peuvent piocher dans une première liste, qui rapporte un maximum de points. Elle comprend cinq établissements rattachés à leur collège de secteur et situés à moins de vingt-cinq minutes en transports en commun. Avec cette liste, un élève faible passera désormais devant un autre qui a un très bon dossier mais dont le lycée en question est situé dans son secteur 2. Il existe en effet deux autres secteurs qui rapportent moins de points : le deuxième, avec tous les lycées situés entre vingt-cinq et quarante minutes de trajet du collège d’origine, et un troisième, qui comprend tous les autres lycées mais rapporte encore moins de points.

Quels conseils donnez-vous aux parents pour faire leur choix dans les dix lycées à sélectionner

Carte scolaire parisienne : «Un entre-soi se dessine entre les collèges et les lycées favorisés du centre»

?

On leur conseille d’abord de vérifier sur la carte dans quel collège leur enfant est sectorisé, parce que ce n’est pas forcément celui où il suit sa scolarité, puisque la sectorisation évolue à Paris. Il faut ensuite établir la liste des dix lycées en veillant aux options, comme le grec, ou les spécialités, comme sciences et numériques. Il s’agit de bien vérifier si elles existent dans le lycée voulu, c’est le plus important pour l’élève. Mais, pour le moment, on attend que les listes d’options et de spécialités soient accessibles sur le site de l’académie.

Quelles remontées avez-vous après la publication de cette nouvelle carte

?

On commence à avoir de très mauvais retours : de nombreux collèges de la périphérie, dans le Sud, le Nord et l’Est, n’ont pas accès au centre de Paris, alors que c’était tout à fait possible avant. C’est par exemple le cas au collège François-Villon, dans le XIVe arrondissement, ou à Jean-Perrin, dans le XXe. Le rectorat n’est donc pas allé au bout de ce qu’il avait annoncé en promettant un accès des collèges périphériques aux lycées centraux. A l’inverse, des collèges du centre sont très bien servis, parce qu’ils ont des lycées très demandés à proximité. Pourquoi le rectorat n’a-t-il pas poussé la mixité sociale jusqu’à élargir la carte de certains collèges du centre ? On ne sait pas quels ont été les arbitrages. Un entre-soi se dessine entre les collèges et les lycées favorisés du centre de Paris. C’est notre crainte et on demandera des aménagements.

Le rectorat avait pourtant décidé de changer les règles pour favoriser la mixité sociale. C’est un comble, non

?

C’était l’objectif annoncé, donc on reste attentifs. C’est un travail de fourmi de regarder la liste des lycées correspondant pour chacun des collèges, mais là, on se rend compte que les établissements du centre restent dans le centre. On ne voit pas l’objectif annoncé de mixité sociale. Pour les bonus boursiers, on attend par ailleurs des précisions. Pour chaque lycée, il existe en effet un taux cible d’élèves boursiers, c’est-à-dire un quota, pour obtenir un meilleur équilibre entre les établissements. Aujourd’hui, on a par exemple des collèges avec 60% d’élèves boursiers et d’autres avec moins de 10%. L’idée est désormais d’avoir un taux fixe par lycée, entre 15% et 30%, pour éviter des concentrations de boursiers et avoir plus de mixité. L’autre mécanisme est de faire en sorte que les collèges situés en périphérie puissent être affectés dans des lycées plus centraux. Pour cela, les élèves qui sont dans des collèges socialement défavorisés ont un bonus qui leur permettra d’avoir un avantage par rapport aux autres.