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Reportage : comment restaure-t-on une… Batmobile ? (en images)

Aussi décapante que le sourire de Jack Nicholson, alias the Joker, la plus célèbre des Batmobile s’est offert un brin de toilette au Garac, aux portes de Paris, pour la plus grande satisfaction des élèves qui, pendant toute une année scolaire, ont eu la chance de travailler sur des matériaux rarement utilisés dans l’industrie automobile. Ce modèle n’a pourtant fait aucune apparition dans le film du très gothique réalisateur américain Tim Burton. Elle fait partie des quelques versions sorties du moule original mais considérées comme des répliques.

Une réplique homologuée par la Warner

Son propriétaire, Franck Galiègue, passionné de pop culture, de cinéma et de voitures, a toutefois réussi à la faire homologuer par la Warner Bros. Depuis qu’elle a revêtu sa belle robe mate, la Batmobile multiplie les apparitions publiques, au dernier Grand Prix de France de Formule 1, sur les routes de l’Hexagone pendant le mois Batman ou dans des expositions temporaires, accompagnée de la trentaine de voitures de cinéma qui constituent la collection de Franck Galiègue. Rétrospective...

Un travail de dix mois

Pendant toute une année, les ateliers du Garac sont restés en effervescence. À quelques jours de la fin du chantier, à cause d’un calendrier entravé par de multiples problèmes liés à la crise sanitaire, les apprêts n’avaient pas encore été appliqués. Les trois classes – première et terminale de bac professionnel Carrosserie ainsi que les dernières années de CAP peinture – se sont relayées pour finaliser le travail commencé dix mois auparavant.

Pour Eva, diplôme en poche et poste de peintre dans une concession parisienne depuis lors, « c’était un chouette projet. Inhabituel, certes, car nous avons travaillé sur du polyester, matière peu utilisée aujourd’hui, qui nécessite de longues heures de ponçage pour obtenir la planéité voulue ». Eva ne mâche pas ses mots et il aurait fallu de sérieux arguments pour l’empêcher d’appliquer apprêts et teinte finale sur le long capot de la Batmobile.

Si long, qu’elle s’est quand même résolue à partager la tâche avec Valentin : « Tout le monde rêve d’appliquer la teinte finale car c’est ce qu’il y a de plus valorisant, même si », reconnaît-il, « il faut modifier son geste à cause de la taille des éléments et de la matière. » Dans une autre cabine, Mallory, Guillaume et Bilal se sont occupés du pavillon, capot arrière et autres pièces d’habillage pendant que d’autres s’affairaient sur le corps et les ailes arrière du modèle.

Pas de problème de motivation !

Auparavant, par grappes d’élèves, munis de longues cales à poncer, la recherche de la planéité et la rectification des arêtes ont été orchestrées par Patrice Mulot, professeur de peinture en charge du projet. Rodé à la technique quand il était au service des concept-cars chez PSA (NDLR : ex-Stellantis), il a dû partitionner le travail de manière à ce que chacun puisse tirer quelque chose de cette aventure. « Il n’y a pas de problèmes de motivation sur un tel projet, c’est l’avantage! », assure-t-il. « En revanche, il a fallu travailler sur une matière peu commune et avec des produits qu’ils n’avaient pas toujours pu tester, comme l’apprêt garnissant qui nous a permis de rectifier pas mal de petits défauts. »

Reportage : comment restaure-t-on une… Batmobile ? (en images)

« J’étais surtout inquiet pour les longues arêtes des deux ailes arrière. Ce n’est vraiment pas simple de rectifier ce type de défaut, d’autant que pour beaucoup d’entre eux, ils sont là depuis la sortie du moule », ironise le professeur qui a dû quelquefois prendre lui-même la cale de ponçage ou le pistolet. « C’était plutôt rare », assure-t-il, « surtout avec le groupe de CAP peinture. Ils sont en dernière année, ont déjà leur bac pro et sont, pour certains, ici depuis cinq ans. Ce sont de vrais pros, capables de prendre beaucoup d’initiatives. »

12 litres de noir en deux couches

Quelques minutes pour la teinte finale, Bilal n’a pas raté une session sur la Batmobile. Le jour de l’application de la teinte, il était là comme beaucoup d’autres, alors qu’il passait la théorie de son examen l’après-midi même : « C’est important d’être ici. Dans ce métier, il y a une vraie satisfaction à voir le résultat final car une fois le film tendu, cela ne pardonne pas : le moindre défaut se remarque. »

« C’est vrai », poursuit Valentin, qui doit corriger une coulure d’apprêt avant d’appliquer les deux couches de noir sur le capot, « si t’as bien bossé lors de la préparation, alors tout devient magique. » Une légère inquiétude se lit sur le visage du professeur Mulot. Il n’y a pas de vernis à appliquer sur ce noir mat. Il va falloir deux couches à quelques minutes d’intervalle. Toutes les cabines et aires de préparation du Garac sont à température ambiante. Plus de 12 litres de noir ont été préparés dans le labo.

Une carrosserie de 7 mètres !

Les élèves se relaient, pistolet en main, pour l’appliquer sur l’énorme Batmobile de près de 7 m de long et 2,4 m de large. Les deux couches sont pulvérisées, le film se tend, le noir se matifie. Le résultat semble à la hauteur des attentes de Patrice Mulot. Il esquisse un sourire, pousse un discret souffle de soulagement. « On est toujours inquiet de voir apparaître quelques auréoles ou des défauts de planéité ou d’arête. Mais là, ça va je suis content. » La Batmobile est en phase de remontage, son propriétaire a été prévenu. Quelques heures plus tard, il déboule dans l’atelier au volant d’une DeLorean. Quel cinéma!

Ce reportage est à retrouver dans L’Auto-Journal n°1095 du 04/11/2021.

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