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La Millavoise Charlotte Henry, la drôle de Dams aux manettes d’un simulateur de Formule E

Elle regarde les grands prix depuis toute jeune. En tant que bonne millavoise, elle a aussi toujours eu un regard intéressé pour le rallye des Cardabelles. Charlotte Henry, 24 ans, est, depuis près d’un an, bien plus qu’une passionnée du sport automobile. En intégrant l’écurie française de Formule 2 et de Formule E Dams, basée au Mans (Sarthe) elle en a fait son métier. Pourtant, c’est d’abord vers l’aéronautique qu’elle a pensé s’orienter. Au collège, dans la cité du gant, elle rêve de piloter des avions. Alors au moment d’entrer au lycée, elle s’envole vers Rodez et le lycée Louis-Querbes, qui propose une option sciences de l’ingénieur.

La matière lui plaît et au fil des années scolaires, elle abandonne l’idée de voler, mais pas de travailler dans le secteur. Après le bac, elle part à Nevers, pour intégrer l’Isat, l’Institut supérieur de l’automobile et des transports. Installée tout près du circuit de Magny-Cours, qui a longtemps accueilli le Grand Prix de France de Formule 1. Si l’enseignement y est assez transversal, c’est quand même tout logiquement que les élèves sont largement incités à s’intéresser à l’automobile.

Un premier stage chez Bugatti

"En troisième année, nous avons mené un projet collectif qui consistait à créer de A à Z une monoplace."

Elle se prend au jeu, et décide alors que se spécialiser dans l’automobile, avec l’idée, si possible, de travailler dans les domaines de la compétition et de la performance. À la fin de cette année-là, la jeune femme part en stage chez Bugatti. Puis enchaîne sur une année à l’étranger, à Prague (République tchèque). À sa sortie d’école, elle intègre l’écurie Dams, qui mène de front plusieurs programmes de performance. Désormais ingénieure, elle s’occupe des simulateurs, qui permettent aux pilotes de s’entraîner entre deux courses. Un travail indispensable pour bien se préparer, mais aussi pour plancher sur les réglages techniques de leurs voitures, qui diffèrent d’un circuit à un autre.

Une technologie en constante évolution

"Chez Dams, nous en avons deux et un troisième sera bientôt mis en service,

détaille Charlotte Henry, qui maîtrise les machines du bout des doigts.

Je dois notamment m’occuper de la gestion des calendriers. Avec deux équipes

(la F2 et la FE, NDLR),

cela fait quatre pilotes, plus un cinquième de réserve. Il faut que tout le monde puisse travailler. Il y a aussi besoin de trouver des créneaux avec les ingénieurs qui les utilisent pour travailler des réglages et des procédures qui pourront ensuite être mis en œuvre sur les voitures. Ces simulateurs ne reproduisent pas à 100 % les situations de course, mais ils sont très réalistes."

La Millavoise Charlotte Henry, la drôle de Dams aux manettes d’un simulateur de Formule E

Mais la Millavoise ne se contente pas de jongler avec les plannings. Elle a aussi en charge la totalité du développement et de la maintenance de simulateur de FE.

"C’est une technologie en constante évolution,

détaille-t-elle. et vitesse fulgurante.

Depuis le début année on a déjà beaucoup évolué et on a encore plein de choses à mettre en place avant la prochaine saison de FE qui démarre en janvier prochain."

Il y a aussi beaucoup travail pour l’entretien de ces machines qui sont relève de l’orfèvrerie. La Millavoise bichonne son simulateur pour qu’il soit le plus efficient possible.

En appui pendant les courses

Et pendant les courses alors ? Hors de question de suivre les pilotes et les mécaniciens dans leur tour du monde au fil des étapes du championnat du monde. Pas de déplacement dans les grandes capitales mondiales qui accueillent la Formule E depuis le lancement de ce championnat en 2014 et qui a su séduire les plus grands constructeurs automobiles. Dams, qui s’est allié à Renault (et désormais à Nissan) à cette époque a d’ailleurs remporté le championnat des écuries les trois premières saisons et continue, chaque saison, à jouer les premiers rôles.

Quand les pilotes courent, Charlotte Henry et une partie de l’équipe Dams sont mobilisés dans les locaux de l’entreprise, dans la Sarthe, au bord de la mythique ligne droite des Hunaudières et du virage d’Arnage, haut lieu du circuit des 24 Heures du Mans.

"Pendant les week-ends de compétition, on est, avec d’autres ingénieurs et le pilote de réserve, mobilisés dans "l’obsroom" pour servir de support à l’équipe de course. On doit être très réactifs afin d’effectuer des tests qui pourraient être nécessaires. Cela peut être des essais sur différentes stratégies, des simulations de réglage sous un temps pluvieux, des études sur la gestion à chaud des batteries... C’est très intense, on doit être très réactifs et rapidement opérationnels."

Et ce même en pleine nuit, quand décalage horaire avec le lieu des courses n’est pas favorable. Un rêve éveillé pour la jeune femme qui, si elle n’est pas devenue pilote d’avion, est quand même sur son petit nuage.

L’écurie française Dams, pionnier de l’Électrique

C’est un ancien pilote français, vainqueur de sept grand prix de Formule 1, qui est à l’origine de la création de l’écurie Dams, à la fin des années 1990. Avec son associé à Jean-Paul Driot, ils décident de s’installer au Mans, à proximité du circuit du Bugatti, à proximité de nombreuses entreprises spécialisées dans les sports mécaniques. Au départ, l’objectif était d’engager des monoplaces dans le championnat de Formule 3000, ce qu’elle fera avec succès avec trois titres mondiaux, en 1990, 1993 et 1994.

Après avoir un temps envisager de s’aligner en F1 au milieu des années 1990, puis renoncé pour des raisons budgétaires, l’écurie a lancé un programme d’endurance, avec notamment plusieurs participations aux 24 Heures du Mans. Elle a notamment, lors de l’édition 2002, fait tourner les deux voitures suivies par le réalisateur Luc Besson pour son film Michel Vaillant.

Engagé au début des années 2000 dans divers programmes, elle s’est recentrée depuis quelques sur la Formule 2, l’antichambre de la F1, où elle aligne deux monoplaces depuis 2016 (avec un titre de champion des écuries en 2019) et en Formule E. Pionnière dans ce programme depuis son lancement en 2014, elle s’est alliée avec Renault (puis Nissan à partir de 2018) pour jouer les premiers rôles. En effet, elle a remporté les trois premiers championnats constructeurs et le Suisse Sébastian Buemi a été sacré champion du monde pilote en 2015-2016.