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Ce qu’il faut retenir des résultats du premier tour des régionales

Abstention record

Coup de tonnerre démocratique sous un ciel d’orage sanitaire et social. Plus de deux Français sur trois ont choisi ce dimanche de ne pas se rendre aux urnes lors du premier tour des régionales. Reportées de mars à juin pour cause de pandémie, ces élections marquent un record de l’abstention pour un scrutin à deux tours, détenu jusqu’ici par les européennes de 2009 (59,6 %) . Le taux d’abstention s’établirait entre 66 et 68 % selon les estimations des instituts de sondage. C’est près de 12 points de plus que les 55,4 % enregistrés aux second tour des municipales de mars 2020 en pleine première vague de Covid-19. Et 10 points de plus que les records d’abstention observés jusqu’ici aux européennes de 2009 et 2014. Envie de légèreté après des mois de restrictions, insatisfaction face à l’offre politique, colère ou pire, indifférence et résignation, sans compter la météo défavorable : les causes multiples ont produit leur effet, dévastateur. Reste que l’abstention semble avoir surtout démobilisé les électeurs du RN.

Le RN moins haut que prévu

Seul Thierry Mariani, donné à 34 % dans les premières estimations arriverait en tête de ce premier tour en région Paca. Certes, le Rassemblement national (RN) est crédité de 19,3% à l’échelle nationale, selon l’institut Ipsos, mais il accuse une baisse de près de 10 points par rapport à sa percée de 2015, lorsqu’il était arrivé en pôle position dans six régions sur treize. Désormais privée de deux locomotives ayant pour patronyme Le Pen, l’extrême droite connait des destins contraires en Hauts-de-France et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Face à Xavier Bertrand, Sébastien Chenu reste bloqué sous les 25 %, contre 40,64 % pour Marine Le Pen en 2015, et ne semble plus en mesure de gêner Bertrand. En Paca, Mariani est lui aussi nettement en dessous des 40,55 % de Marion Maréchal à l’époque, mais il peut encore coiffer Muselier au poteau si la liste d’union de la gauche de Jean-Laurent Félizia se maintient et que l’électorat frontiste se remobilise. Même si les scores du premier tour sont un échec cuisant au vu des ambitions affichées par le RN, il suffirait que le parti remporte une seule région dimanche prochain pour provoquer un séisme politique.

Les socialistes se maintiennent, les écolos en dynamique

Ce qu’il faut retenir des résultats du premier tour des régionales

Le total de gauche est identique à celui de 2015. Le PS donné à 18 % en moyenne nationale, ne devrait perdre aucune de ses cinq régions. Mieux si elle fait l’union avec les écologistes crédités, eux de 12% dans l’Hexagone, la gauche est en passe de pouvoir emporter une sixième région dans les Pays de la Loire. La poussée écologiste des européennes et des municipales se confirme au premier tour de ces régionales. Les listes EE-LV doublent leur score par rapport à 2015. Dans les Hauts-de-France, Karima Delli, à la tête d’une liste d’union rouge rose verte fait 18 %. Tout comme Matthieu Orphelin dans les Pays de Loire. Peu implantée à l’échelle régionale, La France insoumise obtient 5 % des voix en moyenne nationale.

Grosse prime aux sortants LR et PS

Carton probable de Xavier Bertrand. Dans les Hauts-de-France, le sortant de droite obtient 43 % des voix selon les premières estimations Ipsos pour France Télévisions, soit près de 20 points de plus que son challenger d’extrême droite, Sébastien Chenu qui obtiendrait 24 % des voix selon les premières estimations. Celui qui a fait de sa réélection la première étape de sa conquête de l’Elysée est bien parti pour le deuxième tour. La prime aux sortants joue aussi bien pour Laurent Wauquiez (LR) donné à 44 % en Auvergne-Rhône-Alpes que Carole Delga (PS) à 39,6 % en Occitanie où elle fait 20 points de plus qu’en 2015 et parvient à contenir le RN, selon les premières estimations.

En Ile-de-France, Pécresse en tête, les écolos devant à gauche

En Ile-de-France, Valérie Pécresse, créditée de 34,2% selon Ispos, arrive en tête. Plus de 20 points devant la tête de liste RN, Jordan Bardella (13,9%). Une véritable contre-performance, son prédécesseur ayant obtenu 18,4% en 2015. Reste que la gauche et les écologistes, divisés, sauvent les meubles : le patron d’EE-LV, Julien Bayou, mène son camp avec 13,7%, suivi par la candidate propulsée par la socialiste Anne Hidalgo, Audrey Pulvar (11,2%) et Clémentine Autain (10,1%) . Bayou devrait prendre la tête d’une liste d’union au second tour. Avec un total de 35% au premier tour selon les dernières estimations, la gauche talonne la droite. Reste à savoir ce que feront les électeurs LREM de Laurent Saint-Martin, qui avec 10,8% des voix peut se maintenir. Pécresse ayant fait savoir qu’elle ne s’allierait pas avec LREM, elle compte sur sa première place pour transformer l’essai dimanche prochain.

Débâcle pour la majorité LREM

Les pontes de la majorité savaient que les régionales seraient perdues. Ils ne pensaient pas que le premier tour virerait à une telle débâcle, avec un résultat autour d’à peine 10 % au niveau national. Symbole de la déroute, dans les Hauts-de-France, la liste LREM emmenée par le secrétaire d’Etat en charge des Retraites, Laurent Pietraszewski, ne parvient même pas à se qualifier dans les Hauts-de-France avec un score sous la barre des 10 %. Alors que quatre autres ministres étaient présents sur les listes, Agnès Pannier-Runacher, Gérald Darmanin, Alain Griset et Eric Dupond-Moretti, dont l’arrivée en fanfare début mai comme tête de liste dans le Pas-de-Calais n’a servi à rien. En Ile-de-France, la présence très médiatique de la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa a seulement permis Laurent Saint-Martin de passer la barre des 10,8%.