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« Y. », l’intello parisien qui rêvait de partir faire le djihad en Syrie

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ne chose est sûre : « Y. » échappe complètement au cliché que l’on peut se faire de l’islamiste prêt à partir au djihad. Une fois n’est pas coutume, note Le Parisien, le jeune homme n’est pas un « loup solitaire » élevé à la dure, en décrochage scolaire ou professionnel. C’est même tout le contraire. Jusqu’à son interpellation par les services de renseignements français, le 12 juillet dernier, « Y. » était même le prototype du brillant étudiant parisien destiné à une belle carrière.

À 17 ans seulement, le jeune étudiant franco-japonais a déjà eu son bac avec deux ans d’avance et vient de finir avec succès une prépa HEC dans un célèbre lycée parisien. Depuis son studio situé dans le chic 6

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arrondissement de Paris, « Y. » a passé une partie de l’année à préparer des concours prestigieux. Le jour de son interpellation, il a appris son admission à l’ESCP, l’École supérieure de commerce de Paris.

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Hélas, le haut potentiel intellectuel de « Y. » est exclusivement mis au service de l’islamisme. Le jeune homme s’est, en effet, converti à l’islam à l’âge de 13 ans, par l’entremise d’un étudiant algérien qui lui donnait des cours de mathématiques. Sa conversion suscite l’ire de son père, d’origine japonaise et viscéralement fâché avec l’islam. Chassé du domicile familial, il s’installe dans le 6

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arrondissement et poursuit sa découverte de l’islam.

Et là encore, narre Le Parisien, il échappe au cliché du radicalisé ignare, méconnaissant tout ou partie de la religion qu’il pratique. Il fréquente la Grande Mosquée de Paris, apprend l’arabe et développe une connaissance théologique « poussée », selon Le Parisien. Il entre également en contact avec plusieurs djihadistes, dont le tristement célèbre Omar Diaby un Franco-Sénégalais installé en Syrie depuis 2013 et leader du groupe Firqatul Ghuraba, surnommée la « Brigade des étrangers » et spécialisée dans la lutte armée contre Bachar el-Assad.

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Alors la conviction de « Y. » se forge : son intelligence et ses « compétences financières », il les mettra au service d’Al-Qaïda. Au cours de sa garde à vue, il ne s’en cache pas et affronte les questions des enquêteurs : « J’aurais fait ce qu’ils m’auraient dit de faire : gérer l’équilibre financier du groupe, comment gagner de l’argent, gérer éventuellement des cryptomonnaies. » Encore faut-il trouver le moyen de partir sans se faire repérer. Bilal Diaby, le fils d’Omar Diaby actuellement prisonnier d’un autre groupe islamiste rival, demeure son principal interlocuteur et l’avertit : il faut faire attention aux renseignements français, qui veillent au grain.

Love story djihadiste

Malgré son intelligence et sa prudence, « Y. » va finalement être repéré. Au début de l’année 2021, le jeune homme avait commencé à échanger avec Leïla B., une Biterroise de 18 ans arrêtée le jour de Pâques alors qu’elle s’apprêtait à commettre un attentat dans une église. Sans s’être jamais rencontrés, les deux jeunes gens avaient envisagé de se marier et de s’installer ensemble en Syrie. C’est cette étrange histoire d’amour qui, finalement, aura raison des ambitions de « Y. ». Repéré après l’arrestation de Leïla, « Y. » est interpellé le 12 juillet et a depuis été incarcéré et mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ». Chez lui, les forces de l’ordre ont découvert 4 000 euros en liquide et une autorisation de quitter le territoire français signée par sa mère.

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Dernière caractéristique, relate Le Parisien : au cours de ses différentes auditions, « Y. » ne s’est jamais caché derrière son petit doigt. Face aux enquêteurs, il n’a cessé de pointer « l’islamophobie » supposée de la France, et a expliqué qu’il était parfaitement normal de vouloir partir en Syrie : « C’est une obligation en tant que musulman d’aller combattre [...] D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on appelle ça du terrorisme. Y a quoi de mal à vouloir aider un peuple qui se fait massacrer [...] ? Je ne comprends pas pourquoi on m’empêche de partir là-bas. » Nul doute que son futur procès devrait l’éclairer un peu plus sur cette étrange interdiction...